Préserver la santé mentale des personnes âgées

Publié le | Temps de lecture : 7 minutes

Le vieillissement est une période de changements qui peut affecter la santé mentale des personnes âgées. Des événements importants sont susceptibles de déstabiliser leur vie : départ à la retraite, condition physique altérée, perte de mobilité et d’autonomie, maladie, etc. Au-delà de ces aspects, la solitude et l’isolement sont également des facteurs de vulnérabilité qui favorisent le développement de souffrances psychologiques. Les personnes âgées sont plus particulièrement touchées par des problèmes de dépression et des troubles anxieux, nécessitant une vigilance accrue de la part de leurs aidants et leur entourage. 
La santé mentale ne doit pas rester tabou, parlons-en !

Quels sont les facteurs de vulnérabilité des personnes âgées ?

L’isolement social des personnes âgées constitue un facteur aggravant de troubles de la santé mentale, notamment la dépression et l’anxiété. Ce repli peut entraîner une perte d’autonomie progressive et affecter leur capacité à gérer les actes du quotidien, comme l’alimentation ou l’hygiène. 

La solitude nuit également aux capacités cognitives, en limitant les stimulations intellectuelles et les interactions sociales, pourtant essentielles au maintien des fonctions cérébrales. 

Par ailleurs, les problèmes de santé engendrés par le vieillissement naturel et le déclin des capacités fonctionnelles peuvent altérer la santé mentale des personnes âgées. Douleurs chroniques, perte de mémoire, mobilité réduite, nécessitent des traitements au long cours. Au fil des années, les problèmes de santé sont susceptibles de s’accumuler et de créer une détresse psychologique chez les personnes concernées.

Quels sont les signes d’une souffrance psychologique chez les personnes âgées ?

Des signaux peuvent alerter sur le mal-être durable d’une personne âgée, à distinguer d’une simple baisse de moral passagère :  

  • rapport à soi dégradé : détérioration de l’image corporelle, hygiène ou apparence négligée ;
  • habitudes alimentaires inhabituelles : perte d’appétit ou refus de s’alimenter, arrêt d’un régime alimentaire recommandé ;
  • sentiment d’isolement ;
  • attitude de repli : repli sur soi, mutisme, apathie ;
  • instabilité de l’humeur : agressivité, irritabilité, pessimisme, etc. ;
  • santé altérée : perte de poids, trouble du sommeil, fatigue inhabituelle et/ou durable, douleurs physiques, symptômes médicaux inexpliqués, plaintes autour de la perte de la mémoire, etc. ;
  • refus de soins et refus ou mauvaise observance d’un traitement ;
  • consommation d’alcool inhabituelle ou de benzodiazépines ;
  • baisse ou arrêt d’activités : négligences dans l’entretien du logement, diminution ou arrêt des sorties, etc. 

Quels sont les troubles psychologiques les plus fréquents chez les personnes âgées ?

Selon l’OMS, environ 14 % des personnes de 60 ans et plus vivent avec un trouble psychique. Les problèmes de santé mentale dont souffrent les personnes âgées sont de différentes natures et peuvent se combiner 

  • les troubles dépressifs ;
  • les troubles anxieux ;
  • les troubles addictifs (à l’alcool et aux benzodiazépines) ;
  • les troubles cognitifs (maladies neurodégénératives, Alzheimer) ;
  • les troubles du sommeil.

Ces troubles sont souvent peu ou mal repérés par les professionnels de santé, ou les personnes âgées elles-mêmes. Le regard de la société sur les maladies psychiques et la vieillesse accentue ces difficultés de repérage. Les personnes peuvent se sentir honteuses de demander de l’aide, ce qui aggrave leur isolement et les troubles dont ils souffrent. 

Comment conserver une bonne santé mentale en vieillissant ?

La souffrance psychologique des personnes âgées n’est pas une fatalité. De nombreuses actions au quotidien permettent de s’en prémunir :

  • Maintenir une alimentation saine et équilibrée

La vieillesse peut avoir des effets délétères sur l’alimentation : diminution ou perte d’appétit, perception gustative modifiée, difficultés pour déglutir, trouble de la mastication, mauvaise évaluation des besoins nutritionnels, etc. 

La dénutrition touche environ 4 à 10 % des personnes âgées vivant à domicile. Or, un bon apport énergétique est essentiel pour maintenir des facultés motrices et cérébrales optimales. Une alimentation insuffisante, notamment en protéines, ou de mauvaise qualité peut engendrer une perte de force et accentuer le risque de chutes.

  • Préserver des liens sociaux afin d’éviter l’isolement

Les liens sociaux ont une importance fondamentale sur la santé des personnes âgées car ils jouent un rôle clé dans la prévention contre l'isolement social et la solitude. Le fait de maintenir des relations avec des amis, des voisins ou des proches permet de se sentir soutenu et compris, ce qui est essentiel pour préserver une bonne santé mentale. 

Faire du sport, avoir une activité culturelle, artistique ou associative sont autant de pratiques qui permettent de créer du lien social et favoriser une vieillesse active et épanouie. 

Le bénévolat des seniors peut aussi favoriser les relations sociales. La plateforme « Je veux aider » facilite l’accès à l’information sur les différentes offres de bénévolat. Cet outil permet également à des jeunes d’agir auprès des personnes âgées pour les aider dans leur quotidien (balade, rendez-vous médicaux, démarches administratives, etc.).

Pour lutter contre l’isolement et favoriser la détection de fragilités, le dispositif des heures de lien social propose un accompagnement pour les personnes âgées bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) à domicile. Depuis janvier 2024, il permet d’ajouter au maximum 9 heures par mois au plan d’aide des personnes âgées qui en ressentent le besoin.

Les maisons des seniors sont des structures dédiées aux personnes âgées où sont proposées des activités sportives, culturelles, manuelles, permettant de maintenir une vie sociale active. Elles sont souvent gérées par des municipalités ou des associations. 

Les centres communaux d'action sociale (CCAS) agissent au quotidien dans le maintien du lien social. Ces structures locales organisent des activités et des événements (repas partagés, sorties culturelles, ateliers) qui permettent aux personnes âgées de rester connectés à leur communauté. Elles offrent également des services d'accompagnement social et de visite à domicile pour lutter contre l'isolement.

  • Pratiquer une activité physique adaptée

La pratique d’une activité physique adaptée et régulière permet non seulement de préserver la mobilité et l’équilibre, mais aussi de rompre l’isolement et de renforcer le bien-être psychologique. Le sport, en favorisant les rencontres et en stimulant le corps comme l’esprit, est ainsi un levier clé pour préserver l’autonomie des seniors, et lutter contre les maladies liées à la sédentarité

Pour favoriser la pratique du sport auprès des personnes âgées accompagnées en établissement, l’État a introduit, par la loi du 2 mars 2022, la désignation d’un référent activité physique et sportive (APS) dans chaque établissement social et médico-social. Son rôle est d’informer les résidents de l’offre d’APS dans l’établissement et dans l’environnement proche de la structure. Il peut également proposer un plan personnalisé d’APS en lien avec les professionnels de santé intervenant auprès de la personne.

Le ministère en charge des sports et le ministère en charge de la Santé ont lancé en 2019 les maisons Sport-Santé afin d’accompagner les personnes qui le souhaitent dans leur pratique d’une activité physique durable quel que soit leur âge. Ces structures ont pour mission d’informer et d’orienter le public vers les offres d’activité physique adaptée de proximité. Des professionnels de la santé et du sport proposent des programmes sport-santé personnalisés pour répondre aux besoins spécifiques de chacun. 

  • Repérer rapidement les signes d’alerte des troubles psychiques ou neurodégénératifs

Les professionnels du soin et de l’accompagnement jouent un rôle essentiel auprès des personnes âgées, en garantissant un suivi médical adapté à leurs besoins spécifiques mais aussi par leur vigilance vis-à-vis de leur santé mentale. Ils sont les interlocuteurs privilégiés en cas de mal-être psychologique.

Cependant, toute autre personne rencontrant une personne âgée peut être témoin d’une situation d’isolement ou de détresse psychologique. Cela peut être un proche, un voisin, un commerçant, un gardien d’immeuble, le facteur, un bénévole, etc. En fonction de la situation, il existe différentes façons de créer du lien : échanger régulièrement avec la personne, l’informer sur les aides existantes, les activités et temps de convivialité autour de chez elle, contacter un réseau de professionnels et bénévoles, etc.

Par ailleurs, la personne vieillissante est souvent accompagnée par un ou plusieurs proches aidants. Le rôle de ces personnes ressources est primordial dans la prévention des problèmes de santé, l’organisation quotidienne des soins et la médiation avec les intervenants au domicile. Grâce à leur contact régulier, ils peuvent repérer plus facilement les signaux d’alerte d’un trouble de santé mentale. Néanmoins, leur propre santé mentale peut être altérée par ce rôle souvent épuisant. 

Le site solidarites.gouv.fr propose une page dédiée aux solutions d’accompagnement pour soutenir le quotidien des aidants.

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