Présentation du Fonds pour l’aide alimentaire durable, Comité de coordination de la lutte contre la précarité alimentaire (COCOLUPA)

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Prise de parole de M. Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, le 7 novembre 2022.

Seul le prononcé fait foi

Monsieur le ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, Cher Marc,
Mesdames et messieurs,

La France est la 6e puissance économique mondiale, et pourtant, sept à huit millions de nos concitoyens souffrent encore aujourd’hui d’insécurité alimentaire.

Sept à huit millions de personnes qui doivent restreindre leur consommation pour des raisons financières avec plus d’un tiers d’entre-elles qui souffrent même d’insécurité alimentaire sévère.

Cette réalité, vous la connaissez toutes et tous et votre travail quotidien vise justement à lutter contre ce fléau de la précarité alimentaire.

C’est pourquoi, avant de commencer mon propos et pour cette première participation à vos travaux en tant que ministre des Solidarités, je tiens tout d’abord à vous remercier et à vous faire part de ma reconnaissance pour votre action.

Associations d’aide alimentaire et de solidarité bien sûr, mais aussi collectivités territoriales, organismes de sécurité sociale, producteurs, distributeurs ou chercheurs, je salue votre engagement en direction des personnes concernées, comme votre investissement au sein du Comité de coordination de la lutte contre la précarité alimentaire (COCOLUPA) qui nous réunit aujourd’hui.

Je suis surtout heureux de pouvoir enfin échanger avec vous afin de vous présenter les contours du Fonds pour une aide alimentaire durable (FEAD) que nous souhaitons déployer en 2023.

Nous avons eu l’occasion d’en annoncer les grandes lignes avec la Première Ministre jeudi dernier. Je souhaite désormais que nous travaillons ensemble pour définir précisément ses modalités de mise en œuvre et que nous soyons ainsi prêts pour son déploiement dès les premiers mois de l’année prochaine.

Vous le savez tout comme moi, garantir l’accès à une alimentation durable et de qualité au plus grand nombre, vise à répondre à un triple défi :

  • Un défi sanitaire tout d’abord, quand 17 % de la population française est en situation d’obésité et l’OMS alerte face à « l’épidémie » ;
  • Un défi environnemental ensuite en enrichissant notre alimentation en produits frais, fruits, légumes et légumineuses et en produits sous labels de qualité ;
  • Un défi social enfin : les ménages les plus modestes consomment 50 % de fruits et légumes en moins que la moyenne des Français ; surtout, ils consacrent une part bien plus importante de leurs revenus à l’alimentation que ceux aux revenus les plus importants.

Trois défis de politique publique, mais aussi des besoins très concrets dont vous nous avez fait part, notamment dans le cadre des groupes de travail du COCOLUPA, que ce soit en matière :

  • de visibilité sur les financements alloués,
  • d’appui à la diversification des sources d’approvisionnement pour les grands acteurs nationaux ;
  • ou de soutien aux initiatives innovantes dont les modèles économiques ne sont pas encore stabilisés.

C’est pour l’ensemble de ces raisons que nous avons voulu, avec la Première Ministre et le Ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, créer ce fonds qui sera doté de 60 millions d’euros pour cette première année.

Cette première marche représente d’ores et déjà une multiplication par deux des crédits consacrés à l’aide alimentaire dans le budget de l’État, ce qui est le signe de notre ambition sur le sujet.

Ce fonds a en outre vocation à se déployer tout au long du quinquennat et vous donnera donc la visibilité attendue.

Il permettra de soutenir les acteurs qui font – c’est-à-dire vous, les associations, les collectivités territoriales, les acteurs regroupés dans les projets alimentaires de territoires - et il se déploiera ainsi dans le cadre de deux volets.

  • Le premier, au niveau national, dans le cadre d’appels à projets à destination des 18 associations agrées pour viser des approvisionnements conformes aux recommandations du Programme national nutrition santé et renforcer les actions d’accompagnement des bénéficiaires.
  • Le second, au niveau territorial, pour favoriser le développement des approvisionnements de qualité et en circuit court et pour créer des alliances locales producteurs-associations-collectivités-bénéficiaires.

C’est au niveau local que nous pourrons soutenir des expériences de chèques, comme il en existe déjà dans plusieurs villes, portées par des collectivités et CCAS ou des associations.

C’est aussi au niveau local que nous pourrons soutenir les approvisionnements directs des petits producteurs vers les associations et les projets alimentaires territoriaux.

C’est enfin également au niveau local que nous pourrons agir en prévention de l’insécurité alimentaire en confortant les systèmes de solidarité territoriale.

Vous le voyez, nos objectifs et notre dispositif sont relativement simples et très proches de ce que vous avez pu porter dans le cadre des groupes de travail du COCOLUPA. Je ne les citerai pas tous mais je pense bien évidemment par exemple aux travaux du GT 4 sur le modèle économique des filières solidaires de l’alimentation ou à ceux du GT 5 sur la participation des personnes concernées qui est un sujet qui me tient particulièrement à cœur et sur lequel je serais très intéressé pour connaitre vos propositions.

***

Mesdames et Messieurs,

Je ne serai pas plus long et je laisserai la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) vous apporter toutes les précisions techniques utiles et vous présenter le calendrier de la concertation que nous engageons aujourd’hui ; concertation à laquelle nous avons voulu associer les représentants des professions agricoles dont je salue la présence aujourd’hui.

Vous l’avez compris, la lutte contre la précarité alimentaire figure au premier rang des priorités que je souhaite porter en tant que ministre des Solidarités.

Mais elle n’épuise bien évidemment pas l’enjeu de la politique de lutte contre la pauvreté. Le déploiement de ce fonds s’inscrira ainsi dans le cadre plus large du Pacte des solidarités sur lequel nous travaillons en ce moment même de manière interministérielle au sein du Gouvernement.

J’ai eu l’occasion, aux côtés de la Première Ministre, de présenter son calendrier d’élaboration et ses principales orientations aux associations de lutte contre la pauvreté jeudi dernier. Certains d’entre vous étaient présents à cette réunion.

Ce Pacte qui prendra la suite de la Stratégie de lutte contre la pauvreté se déclinera autour de quatre priorités structurantes :

  • D’abord, la de la lutte contre les inégalités à la racine, pour approfondir l’ambition portée depuis 2018, en agissant dès le plus jeune âge dans le cadre notamment du futur service public de la petite enfance et en étant au côté des familles, en particulier les familles monoparentales qui souffrent deux fois plus que les autres de la pauvreté ;
  • En deuxième lieu, avec l’amplification de la politique d’accès au travail pour tous, qui se déploiera dans le cadre du chantier France travail, piloté par mon collègue Oliver Dussopt.
  • La lutte contre la grande exclusion ensuite pour ne laisser personne au bord du chemin, ce qui passera en particulier par une politique de lutte résolue contre le non recours, avec la mise en place de la solidarité à la source, comme avec le déploiement de « Territoires zéro non recours ».
  • Et avec l’organisation solidaire de la transition écologique. Nous devons faire des transitions - climatique, énergétique, écologique – des leviers de lutte contre la pauvreté, en réduisant les dépenses contraintes en matière de mobilité, de logement, et d’alimentation… ce que nous faisons ainsi aujourd’hui même avec le lancement de ce fonds pour une alimentation durable.

Nous aurons l’occasion d’y travailler avec l’ensemble des acteurs d’ici la fin de l’année.
Mais je ne serai pas plus long, je te laisse la parole cher Marc.