Les distributions de colis alimentaires (ou paniers alimentaires)
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Qu’est-ce qu’un colis alimentaire (ou un panier alimentaire) ?
Un colis alimentaire est un paquet ou un panier contenant des denrées alimentaires, généralement à réchauffer/cuisiner, parfois garni à l’avance. On distingue les colis d’urgence des colis alimentaires choisis qui peuvent contenir des produits frais. La distribution de denrées alimentaires gratuite et sans contrepartie sous forme de colis est une des formes historiques de l’aide alimentaire en France. Ce modèle de distribution est encore prépondérant dans les pratiques. Il représente 66 % de la distribution de denrées de la Banque Alimentaire en 2021. Au sein des « colis », les modalités précises varient selon les organisations, les lieux et évoluent de plus en plus.
À quels publics sont destinés les colis alimentaires et à quels besoins répondent-ils ?
Les colis alimentaires restent la forme la plus répandue de l’aide alimentaire en France. Ils couvrent donc une grande diversité de personnes en situation de précarité économique.
L’accès aux distributions de denrées gratuites (colis) destinées aux personnes en situation de précarité est majoritairement réalisée grâce à l'orientation des travailleurs sociaux et des partenaires – centres communaux d'action sociale (CCAS), Espaces Insertion, etc. Ces acteurs orientent les personnes vers les structures distribuant des colis alimentaires. Ainsi, l’accès aux paniers alimentaires est généralement conditionné à certains justificatifs de niveaux de ressources. Dans certains cas, une participation financière peut être demandée aux personnes bénéficiant de ce dispositif.
Toutefois, certaines personnes viennent spontanément dans les structures qui distribuent des colis. Dans ce cas, elles sont réorientées vers les travailleurs sociaux après leur avoir délivré un colis d’urgence afin qu’elles puissent bénéficier d’un parcours d’accompagnement global.
Les distributions de colis alimentaires d’urgence permettent d’établir le début d’un contact avec les personnes les plus démunies, fournissent aux structures une occasion de pouvoir dialoguer avec elles et de les orienter vers des structures adaptées à leurs besoins. Ces dernières peuvent ainsi leur proposer l’accès à des actions d’accompagnement complémentaires (accès aux droits, aux soins, aide vestimentaire, apprentissage de la langue française, aide aux devoirs, etc.).
Les travaux relatifs au lien entre alimentation et santé menés dans le cadre des recherches du Comité national de coordination de la lutte contre la précarité alimentaire (Cocolupa) permettent également de mettre en avant l’impact que peuvent avoir les distributions de colis alimentaires d’urgence sur la santé physique des personnes en situation de précarité, compte tenu de leur composition moyenne. En ce sens, la distribution de colis alimentaires équilibrés est un moyen pour les personnes en situation de précarité d’accéder à « une alimentation sûre, saine, diversifiée, de bonne qualité et en quantité suffisante ».
Principes de fonctionnement des dispositifs
Modalités d’accès
- Les travailleurs sociaux et leurs partenaires orientent les personnes vers les structures distribuant des colis alimentaires.
- Dans certains cas, une participation financière peut être demandée aux personnes bénéficiant de ce dispositif.
- Les colis alimentaires d’urgence font l’objet d’une remise inconditionnelle.
- Des dispositifs itinérants permettent la distribution de colis vers des déserts alimentaires ou des lieux avec une forte prévalence de précarité alimentaire.
Accueil et accompagnement
- Accompagnement vers l’accès aux droits selon les attentes des personnes, en complémentarité avec d’autres acteurs de la lutte contre la précarité et l’exclusion.
Organisation matérielle
- Le contenu des colis peut être constitué en fonction de « critères pratiques » – tels que les stocks disponibles – mais est généralement composé selon les « caractéristiques sociodémographiques des usagers » comme le revenu, la structure et la taille des familles servies, présence d’enfants ou pas.
- Les colis alimentaires qui ne sont pas délivrés dans l’urgence peuvent proposer des modalités qui impliquent les personnes concernées dans la constitution de tout ou partie du colis. Dans le cadre de la distribution de colis qui s’inscrivent dans le cadre d’un parcours d’accompagnement global, le libre-choix est largement encouragé et développé, notamment pour respecter les préférences alimentaires des personnes.
- L’implication de bénévoles formés des associations d’aide alimentaire pour proposer des aliments diversifiés aux personnes accueillies peut s’illustrer de différents manières : respect des besoins, prospection réalisées auprès d’acteurs du système alimentaire.
- Approvisionnement diversifié permettant une alimentation saine et équilibrée, voire dans certains cas locale et durable en partenariat avec des acteurs des systèmes alimentaires locaux.
- Partenariat avec des lieux collectifs pour cuisiner les produits des colis (Relais Popote de Bordeaux, Cuisine Partagées Paris, etc.).
Des exemples de projets
Un exemple d’initiative portée par une association locale
Le Village alimentaire de l’association Cœurs Résistants – Rennes
Le Village alimentaire de Cœurs Résistants propose un soutien alimentaire aux personnes en situation de précarité de la Ville de Rennes. Les colis alimentaires de l’association sont accessibles à tous sans orientation par un travailleur social. Les bénévoles s’occupent de la réception des denrées, de la gestion des stocks, de l’accueil des personnes et de la distribution de nourriture. Les bénévoles sont pour la plupart des personnes en situation de précarité.
Pour en savoir plus sur les Cœurs Résistants de Rennes
Deux exemples d’initiatives portées par des associations nationales
Les « paniers-repas à cuisiner chez soi » des Restos du Cœur – France
De portée nationale, cette initiative a pour but de répondre aux besoins fondamentaux des personnes en situation de précarité qui sont amenées à remplir elles-mêmes leur panier tout en étant accompagnées par un bénévole de l’association qui peut ainsi identifier, par le dialogue, leurs besoins autres que les besoins alimentaires : besoin d’accompagnement administratif, de soutien dans la recherche d’emploi, d’accès aux droits, de cours de français, etc. Les panier-repas doivent être équilibrés et permettre aux personnes et à leurs familles d’avoir accès à un repas complet. Chaque individu accueilli remplit son panier en fonction de la composition de son foyer (nombre d’adultes, d’enfants, etc.). Pour pouvoir bénéficier de cette aide alimentaire, les personnes doivent s’inscrire tous les ans et justifier de l’insuffisance de leurs ressources.
Pour en savoir plus sur les paniers-repas des Restos du Cœur
Le dispositif « Croix-Rouge sur roues » de la Croix-Rouge – France
La Croix-Rouge déploie un dispositif dans les zones isolées du territoire français afin de rompre l’isolement des personnes en situation de précarité. À l’aide de camions équipés, les bénévoles vont à la rencontre des personnes en situation d’exclusion en zone rurale ou périurbaine pour les écouter et les orienter en fonction de leurs besoins, définis au préalable avec les acteurs du territoire. Les équipes fournissent une aide matérielle qui peut être alimentaire mais également vestimentaire ou d’accès aux produits d’hygiène. Ils peuvent également être amenés à fournir des services d’accès aux droits ou d’apprentissage de la langue française par exemple. L’objectif de ce dispositif est de rompre l'isolement social et de créer ou renforcer le lien social.
Pour en savoir plus sur le dispositif Croix-Rouge sur roues
Un exemple d’initiative internationale
Les colis alimentaires de la Fondation Fundesotec - Équateur
Créée afin d’intervenir sur les problématiques de santé et d’alimentation entre autres, la Fondation Fundesotec agit sur la sécurité alimentaire des personnes vulnérables ou ayant un faible revenu. Pour ce faire, elle a développé plusieurs programmes (cantines solidaires, épiceries sociales, distribution de repas) parmi lesquels la distribution de colis et de kits alimentaires gratuits afin de répondre aux besoins des personnes en situation de précarité mais également de réduire la malnutrition infantile et d’encourager les populations à se nourrir sainement.
Pour en savoir plus sur les colis alimentaires de la Fondation Fundesotec
Des partenariats avec des lieux collectifs pour cuisiner les produits des colis
Si les colis alimentaires constituent la forme d’aide alimentaire la plus répandue en France, ceux-ci couvrent une grande diversité de publics en situation de précarité économique. Or parmi, les personnes bénéficiaires des colis alimentaires, certaines n‘ont pas accès à des équipements de cuisine (exemple : les personnes hébergées à l’hôtel). En réponse à ce constat, les acteurs de la lutte contre la précarité alimentaire développent des solutions pour faciliter l’accès à des lieux pour cuisiner.
L’initiative « Palais en partage » au Palais de la Femme – Île-de-France
Depuis 2019, la Fondation Armée du Salut ouvre ses cuisines du Palais de la Femme à des femmes hébergées dans des hôtels sociaux. Ces cuisines partagées permettent à des femmes n’ayant pas les équipements nécessaires à la préparation d’une alimentation de qualité de pouvoir se retrouver pour échanger et améliorer leur alimentation ainsi que celle de leur famille. Pendant que les mères cuisinent, des bénévoles sont présents pour garder les enfants ou encore aider celles qui le souhaitent dans leurs démarches administratives.
Pour en savoir plus sur les Palais du partage
Le relais popotes – Bordeaux
Le projet « Relais Popotes » consiste à mettre à disposition des espaces-cuisines existants et non utilisés à plein temps, au sein d’associations par exemple, sur des créneaux horaires identifiés, afin d’offrir la possibilité de préparer des repas aux nombreuses personnes vivant dans des conditions d’hébergement précaires qui ne leur permettent pas de cuisiner. L’autonomie et la participation des bénéficiaires sont une composante et une finalité de ce projet. Il vise par ailleurs à mobiliser le secteur marchand et celui de la production sur la lutte contre le gaspillage en activant un réseau de récupération des invendus ou des surplus.