Publication du Panorama de l’évolution de la pauvreté et l’exclusion sociale du CNLE
Pour quelles raisons la baisse du taux de chômage entre 2015 et 2022 n’a-t-elle pas fait reculer la pauvreté ?
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Le Panorama de l’évolution de la pauvreté et l’exclusion sociale publié ce jour est une nouvelle publication du CNLE, qui rend compte de l’évolution de la pauvreté en l’observant sur une période pluriannuelle et en procédant à un questionnement problématisé autour d’enjeux de connaissance importants pour l’action publique. La question au cœur de ce premier numéro est la suivante : pour quelles raisons la baisse importante du taux de chômage à partir de 2015 et jusqu’en 2022 n’a pas fait reculer la pauvreté ?
Cette étude du comité scientifique du CNLE analyse, à partir de différentes données de la statistique publique, les raisons de ce paradoxe, pour en tirer certaines conclusions. Cette réflexion est également éclairée par les instruments d’analyse spécifiques qu’il a développés sur demande du Premier ministre, à la suite du rapport du CNLE sur les effets de la crise sanitaire de la Covid-19, notamment son Baromètre de suivi qualitatif de la pauvreté et de l’exclusion sociale (BaPE) piloté par le bureau d’études Vizget.
La déconnexion entre chômage et pauvreté observée sur la période allant de 2015 (début de la baisse du chômage) à 2022 (dernier chiffre connu de la pauvreté monétaire) suscite un questionnement au regard des évolutions concordantes constatées depuis les années 1980. En effet, alors que le taux de chômage a perdu 3 points entre 2015 et 2022, le taux de pauvreté monétaire (au seuil de 60 % de la médiane des niveaux de vie) et le taux de privation matérielle et sociale sont restés à un niveau élevé. Dans le même temps, la part des personnes se considérant comme pauvres est passé de 12,4 % à 18,7 % et les remontées des acteurs de terrain convergent sur un diagnostic de montée des tensions et de l’agressivité du corps social, en lien notamment avec l’inadéquation des barèmes des aides aux besoins, y compris pour des personnes en emploi.
Dans cette nouvelle étude, le comité scientifique du CNLE identifie trois principales raisons pour lesquelles la baisse du chômage ne s’est pas traduite par une baisse de la pauvreté monétaire, ni des privations matérielles et sociales :
- certains des emplois créés n’ont pas entrainé une sortie de la pauvreté ;
- la dégradation de la situation des inactifs, en particulier des retraités et des personnes inactives pour cause d’invalidité ;
- le niveau de vie des ménages les plus modestes a moins progressé que le seuil de pauvreté monétaire.
Après un point sur l’évolution de la situation du marché du travail pendant cette période, l’analyse s’organise en trois parties :
- la première partie du panorama cherche à expliquer la relative stabilité des taux de pauvreté monétaire et de privation matérielle et sociale, malgré la baisse importante du taux de chômage ;
- la deuxième partie est consacrée à l’augmentation du taux de pauvreté subjective depuis 2018 ;
- la troisième partie décrit l’évolution du climat social, des tensions et colères telle qu’en témoignent les acteurs de terrain. Elle s’appuie principalement sur les résultats du Baromètre de suivi qualitatif de la pauvreté et de l’exclusion sociale du CNLE (BaPE).
Le Panorama de l’évolution de la pauvreté et l’exclusion sociale, tout comme le Baromètre de suivi qualitatif de la pauvreté et de l’exclusion sociale (BaPE), participent à nourrir les réflexions et travaux du Conseil du CNLE, avec pour objectif d’éclairer le Gouvernement sur les différentes dimensions de la pauvreté, afin de mieux la comprendre pour mieux la combattre.
Le suivi annuel de l’évolution de la pauvreté, des inégalités et de l’exclusion sociale fait partie des trois missions prioritaires du CNLE.