Les actions de l’État en faveur des aidants

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Stratégie Agir pour les aidants 2023-2027

En France, 9,3 millions de personnes soutiennent au quotidien un proche en perte d’autonomie ou en situation de handicap. Ces aidants souffrent généralement d’isolement, d’épuisement et d’un manque de reconnaissance. Pour leur assurer la pleine reconnaissance et le soutien qu’ils méritent, l'État met en œuvre, depuis 2020, de nombreuses actions qui leur sont destinées. Le 6 octobre 2023, les ministères en charge des Solidarités et du Handicap ont présenté la nouvelle stratégie nationale de mobilisation et de soutien 2023-2027 pour les aidants et signé avec les entreprises et associations une charte d’engagement pour les proches aidants.

Soutenir et accompagner les aidants avec la Stratégie de mobilisation et de soutien 2023-2027

Le 6 octobre 2023, les ministères en charge des Solidarités et du Handicap ont présenté la 2e stratégie nationale pluriannuelle Agir pour les aidants 2023-2027.

Cette seconde stratégie s’appuie sur un ensemble de mesures réparties en trois axes :

  • Communiquer, repérer et informer
    • Prévenir l’isolement des aidants et faciliter leur accès aux ressources et soutiens dont ils ont besoin avec un plan de repérage massif des aidants ;   
    • Sensibiliser grâce à une campagne de communication grand public ;
    • S’appuyer sur le service public départemental de l’autonomie (SPDA) pour favoriser l’accès aux droits et améliorer l’accompagnement des aidants
  • Renforcer l’offre et l’accès au répit 
    Les proches aidants expriment un besoin de répit, notamment lorsque le proche qu’ils aident vit à leur domicile. Prendre soin de soi et de sa famille, dégager du temps pour sa carrière ou une activité sportive ou culturelle est essentiel pour l’équilibre de chacun, afin d’éviter notamment le risque de fatigue voire d’épuisement. Objectif : 6 000 solutions supplémentaires de répit, en particulier des places d’accueil de jour et des places d’accueil temporaire pour les personnes âgées et handicapées.
  • Soutenir les aidants tout au long de la vie
    • Pour tous les aidants : une meilleure prise en compte de leur expertise et de leur situation familiale en simplifiant leur quotidien et en les sécurisant dans leur rôle de tuteur familial.
    • Pour les jeunes aidants : des bourses étudiantes seront revalorisées et l’aménagement des études encouragé.
    • Pour les aidants dans le monde du travail : amélioration du congé proche aidant et de l’allocation journalière du proche aidant (AJPA) ; ouverture de la validation des acquis de l’expérience (VAE) aux aidants et mise en œuvre de l'assurance vieillesse des aidants (AVA) pour soutenir les aidants ayant interrompu leur activité pour s'occuper de leur proche.
    • Pour les aidants âgés : renforcement de leur repérage par des dispositifs de prévention et de soins pour les personnes âgées (programme Icope, bilan de prévention de l'assurance maladie et des caisses de retraite, etc.).

Le suivi de la stratégie est assuré par la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) via un comité de pilotage réunissant les associations représentant les aidants, les administrations compétentes, les agences régionales de santé et les départements.

Consulter le dossier de presse pour connaître l’ensemble des mesures de la nouvelle stratégie Agir pour les aidants 2023-2027.

Consulter le communiqué de presse du 6 octobre 2023.

En 2025, plusieurs mesures de cette seconde stratégie ont déjà été mises en œuvre :

  • le redéploiement de la campagne de communication nationale « Agir pour les Aidants » pour sensibiliser et inciter les aidants à recourir à leurs droits ; ces campagnes ont pour objectifs à la fois de contribuer à une prise de conscience collective du rôle des aidants dans la société et de faire prendre conscience aux proches aidants de leur situation d’aidance pour les inciter à recourir à leurs droits ;
  • la création d’un droit rechargeable à l’allocation journalière du proche aidant (AJPA) qui ouvre la possibilité à l’aidant de recharger son droit à l’AJPA lorsqu’il aide plusieurs personnes au cours de sa carrière professionnelle ;
  • la généralisation des prestations de suppléance (remplacement de l’aidant à domicile de 36 h à 6 jours consécutifs) et des séjours de répit aidant-aidé, grâce au décret publié le 19 août 2025.

Objectifs 2027

D’ici 2027, d’autres actions viendront compléter cette dynamique :

  • déployer 6 000 nouvelles solutions de répit, élargir des jours d’ouverture des établissements pour enfants pour permettre l’accueil pendant les week-ends et les vacances ;
  • aider les aidants à s’informer et à se former sur la situation de leur proche ;
  • développer la médiation familiale pour prévenir et soulager les aidants dans les situations de tension ;
  • permettre aux aidants de pouvoir accéder au compte « Mon espace santé » de leur proche avec un identifiant dédié.

 

Témoignage

Découvrez le témoignage de Sophie Belvisi, jeune aidante familiale auprès de sa mère.

Sophie Bevisi :
« Bonjour à tous, je m'appelle Sophie, j'ai 29 ans, je suis comédienne et j'ai été l'aidante familiale de ma maman qui avait une maladie apparentée Alzheimer. À mes 16 ans, on a diagnostiqué un syndrome de Benson à ma mère. C'est un Alzheimer précoce. Je me suis occupé d'elle pendant 10 ans. Ça a été 10 ans très complexes où j'ai vécu une inversion des rôles total avec ma maman. 

À l'âge où moi j'ai commencé à apprendre à me construire, à découvrir qui j'étais, à évoluer dans la vie, elle s'est complètement, contre son gré, déchargé de ses rôles parentaux. Donc je suis en fait devenue en quelque sorte le parent de mon parent.

Alors comment conjuguer son envie d'évoluer, d'être, d'exploser dans la vie, avec un parent qui est en pleine déchéance ? Autant dire que j'ai pas eu d'exemple parental à ce niveau-là. Ma maman m'a appris des choses essentielles de la vie telles que : croire en moi, m'aimer pour ce que je suis. Il y a plein de d'événements et d'étapes qu'elle a loupé dans ma vie de jeune adulte, comme m'apprendre à gérer les comptes bancaires, comment on se remet dans chagrin d'amour ou bien d'un deuil et de la cellulite aussi. 

À 19 ans, je me retrouvais à gérer le compte bancaire d'une personne de plus de 50 ans. D'une personne, en plus, qui fait une activité libérale, qui cotise à une mutuelle particulière, une allocation de retraite particulière. Pas des trucs très simples. On n'est pas assez informés sur ces choses-là. On nous parle de maladies plus généralisées, on nous parle de cancer, on nous parle d'Alzheimer pour des personnes âgées. Mais on ne parle pas d'Alzheimer ou de maladie précoce pour les jeunes adultes, parce que moins de 50 ans, on peut dire que ce sont des jeunes adultes encore peut-être. 

J'ai été très peu informé en soi mais parce que je savais pas où aller chercher les réponses. On ne savait pas que ça existait. On ne savait pas me guider et j'ai sauté beaucoup d'étapes dans ma vie de ce fait. J'ai grandi trop vite. Et ma maman est partie quand j'avais 26 ans, il y a 3 ans, à l'aube de ses 60 ans, là on n'est plus des jeunes adultes. Et aujourd'hui, à 29 ans, je grandis encore d'une autre manière. J'apprends à exister encore aujourd'hui, j'apprends à penser par moi-même, à découvrir des choses. Justement là où je suis éblouie aujourd'hui, c'est que je vois tout ce qui est mis en place par rapport aux aidants.

Parce qu'en fait il n'y a pas que la personne malade qui est touchée, il y a également tout son entourage. Et ce n'est pas inné d'être aidant. Ce n'est pas parce qu'on est le premier parent, le premier enfant, le premier frère et sœur, qu'on doit se coller à cette tâche-là. Certes, il est complexe de s'en sortir quand on a des responsabilités qui nous assomment. Et en fait, j'ai envie de vous dire, à n'importe quel âge : ce n'est pas parce que moi j'ai vécu ça de mes 16 à mes 26 ans que je suis plus légitime que quelqu'un d'autre de m'en plaindre, d'en parler. Je pense qu'à n'importe quel âge, être aidant c'est un bagage très lourd parce qu'il n'y a pas qu'une seule personne, il n'y a pas que le malade qui est concerné. Ça englobe et ça absorbe toute une famille entière. 

Dans mon expérience, c'était compliqué parce que il n'y avait que ma mère et moi dans l'équation. Etant d'une famille monoparentale, sans frère et sœur, le reste de ma famille étant démissionnaire de ça. Et quelque part, je ne leur veux pas tellement. J'ai pu leur en vouloir parce que j'ai pas été l'enfant dans cette famille mais quelque part, pour eux, la maladie était quelque chose de lointain, d'obscur, donc forcément ça les a troublé très vite. Je pense qu'on peut pas vraiment en vouloir aux gens, je pense que ce n'est pas une solution puisque ils se projettent eux-mêmes, surtout s'ils ont un certain âge. Ils se projettent eux-mêmes dans leur propre névrose.

Ce que je retiens dans mon expérience, c'est que malgré le fait que l'administration ne me suive pas beaucoup, les soignants qui s'occupaient de ma mère était incroyables. Les aides à domicile qui étaient là, je les appelais "mes petites fées".

Ce que je peux conseiller aux aidants aujourd'hui qui sont encore dans la même situation que j'ai vécu, c'est de vraiment parler, de ne pas hésiter à demander de l'aide. Ce n'est pas une preuve de faiblesse, c'est même une preuve de courage. N'hésitez pas à bien vous entourer. S'il y a des amis qui ne se sentent pas aptes à vous suivre, ne le prenez pas contre vous. C'est eux qui, encore une fois, se projettent dans le propre peur finalement. Il y aura toujours quelqu'un pour vous écouter.

J'ai beaucoup parler à des thérapeutes, c'est aussi un moment où je n'ajoute pas de charge mentale à mes proches non plus. Ce n'est parce que moi j'en ai une, que je dois accabler les autres non plus.

Tout ça, je l'ai sublimé et j'en ai parlé dans un spectacle d'humour qui s'intitule Alzhei'mère. J'avais besoin de sublimer ce quotidien que j'ai vécu, ce quotidien qu'on vit tous en fait finalement, nous, les aidants. Ce n'est pas parce que je ne suis plus aidante que la lutte s'arrête, que le combat s'arrête. J'ai eu besoin de dire aussi qu'on n'est pas des cas isolés. On se sent très très seul et on va pas se mentir : bien sûr on est on est seul quand on vit ça. C'est important qu'on s'accorde ce petit moment de répits.

En fait, j'ai créé le spectacle que j'aurais aimé voir quand j'étais dans le dur avec ma maman. Peut-être que ça faisait partie de l'apprentissage que ma mère voulait m'apprendre de la vie et que ça devait me mener quelque part. En tout cas, je souhaite énormément de courage à tous ceux qui vivent encore des heures sombres avec leur parents, frères, sœurs, conjoint. 

Et surtout, n'oubliez pas qu'il faut pas attendre qu'un proche soit malade pour dire qu'on l'aime. L'amour c'est gratuit, c'est à volonté. »

Retour sur la première stratégie Agir pour les aidants 2020-2022

La stratégie Agir pour les aidants 2020-2022, première politique publique nationale interministérielle dont les mesures s’adressaient directement aux proches aidants, a permis plusieurs avancées :

  • le déploiement d’un numéro unique, le 0 800 360 360 et des communautés 360, à destination des personnes handicapées et de leurs aidants ;
  • la création du guide Besoin de répit : 17 fiches-repère pour présenter quelques formes de répit existantes, qu’il s’agisse de dispositifs nationaux ou d’initiatives locales exemplaires, illustrées par des exemples concrets. Le but : proposer une information claire et précise à l’attention des aidants, afin de leur permettre de « souffler », de s’occuper de soi et de faire face aux impératifs de la vie quotidienne : obligations sociales, professionnelles, urgences… mais aussi pour les professionnels et bénévoles qui les accompagnent ;
  • le lancement d’une mission confiée à France Stratégie pour encourager les entreprises à mieux soutenir leurs salariés aidants à travers des actions de formation, de sensibilisation et d’adaptation du temps de travail au titre de la responsabilité sociale d’entreprise (RSE). Elle a débouché sur la formulation de 24 recommandations à destination de l’État, des entreprises, des partenaires sociaux et des fédérations professionnelles ;
  • un soutien financier renforcé aux offres de soutien psychologique et de formation à destination des aidants, en lien avec la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) ;
  • l’évolution du congé proche aidant : ouverture à tous les agents publics, suppression de la condition d’ancienneté pour pouvoir le mobiliser ;
  • le déploiement du label Cap’Handéo, valorisant les entreprises engagées auprès des salariés aidants ;
  • le soutien au développement et à la diversification, sur tout le territoire, de solutions de répit et de vacances pour les proches aidants ;
  • l’expérimentation d’actions de sensibilisation des professionnels de l’Éducation nationale aux problématiques des jeunes aidants, en Île-de-France et en Occitanie ;
  • le soutien aux partages d’expériences et le renforcement de l’attention portée aux témoignages des aidants familiaux, par exemple à l’occasion de la Semaine bleue et de la Journée nationale des aidants.

Consulter le bilan complet de la stratégie Agir pour les aidants 2020-2022 et sa version en facile à lire et à comprendre (Falc).

 

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