Enfants et écrans : des risques sanitaires réels, un accompagnement nécessaire

Publié le | Temps de lecture : 6 minutes

L’interdiction de l’exposition aux écrans des enfants de 0 à 3 ans dans les lieux d’accueil du jeune enfant, décidée par la ministre du Travail, de la santé, des Solidarités et des Familles (arrêté du 2 juillet 2025) est l’occasion de revenir sur les enjeux de la prévention des risques d’exposition aux écrans pour les enfants et sur les réponses mises en œuvre ou soutenues par les pouvoirs publics dans ce domaine.

L’usage des écrans s’est imposé dans nos vies quotidiennes, y compris dès le plus jeune âge. Or, une exposition excessive aux écrans, en particulier chez les enfants et les adolescents, peut avoir des conséquences importantes sur leur santé physique, mentale et sociale. C’est pourquoi l’État a engagé une stratégie ambitieuse pour prévenir les risques, mieux encadrer les usages numériques, et accompagner les familles.

Les effets de la surexposition : un enjeu de santé publique

Le rapport Enfants et écrans. À la recherche du temps perdu, remis en avril 2024 à la demande du Président de la République, met en lumière les nombreux effets délétères de la surexposition numérique. En moyenne, les enfants et adolescents âgés de 6 à 17 ans passent plus de 4 heures par jour devant les écrans, selon les données de Santé publique France.

Les conséquences physiques sont bien documentées : l’usage excessif d’écrans dégrade la qualité et la quantité de sommeil, diminue l’activité physique, favorise la prise de poids et peut entraîner des troubles visuels, comme la myopie. Chez les tout-petits, l’utilisation d’écrans perturbe aussi les moments d’interaction avec les adultes. Cette interférence, que l’on appelle technoférence, nuit au développement du langage, de l’attention, des compétences émotionnelles et sociales.

Sur le plan psychologique, les risques sont également majeurs. L’exposition à des contenus inadaptés – violents, haineux ou pornographiques – ainsi que la captation prolongée de l’attention par des plateformes conçues pour maximiser l’engagement peuvent affecter l’estime de soi, accentuer des troubles anxiodépressifs ou favoriser des troubles du comportement.

Des repères d’âge pour accompagner les parents

Pour aider les familles à encadrer les usages, les pouvoirs publics ont formulé des repères d’âge simples et progressifs, désormais intégrés au carnet de santé de l’enfant distribué à chaque naissance depuis janvier 2025 :

  • Avant 3 ans : pas d’écran, même en bruit de fond. L’attention de l’enfant doit se construire dans l’interaction avec son environnement réel et avec les adultes qui prennent soin de lui.
  • Entre 3 et 6 ans : l’usage des écrans doit rester exceptionnel, limité à des contenus de qualité éducative, toujours accompagné par un adulte et dans un cadre bien défini. Il est essentiel de préserver le jeu libre, le contact humain, et le développement des cinq sens.

Le rapport Enfants et écrans préconise par ailleurs un accompagnement progressif dans la prise en main des outils numériques après 6 ans :

  • De 6 à 11 ans : les enfants peuvent progressivement utiliser des outils numériques, à condition que l’accompagnement parental soit renforcé. Les parents sont invités à fixer des règles d’usage, à rester vigilants sur le temps d’écran, les contenus visionnés et à encourager les pauses régulières.
  • À partir de 11 ans : les enfants pourraient être dotés d’un téléphone sans accès à internet, ce dernier jouant un rôle important dans l’exercice de l’autonomie.
  • Avant 13 ans : il est fortement déconseillé de confier un smartphone connecté à Internet à un enfant. Cela l’expose à des risques pour lesquels il n’a ni la maturité, ni les outils de régulation nécessaires.
  • Avant 15 ans : les enfants ne devraient pas avoir accès aux réseaux sociaux. C’est pourquoi des réflexions sont en cours au niveau européen pour permettre le contrôle d’une majorité numérique autour de l’âge de 15 ans.

Protéger les enfants et accompagner les parents : des mesures concrètes

La protection des enfants se concrétise d’abord dans la mise en place de mesures visant à permettre un environnement propice au développement des enfants : 

  • Dans les lieux d’accueil du jeune enfant, l’usage des écrans est désormais interdit pour les enfants de moins de 3 ans, conformément à la charte de l’accueil du jeune enfant modifiée par arrêté ministériel le 02 juillet 2025. Cette mesure vise à garantir un environnement favorable au développement et à éviter l’installation précoce d’habitudes numériques.
  • L’État agit aussi en amont, avec une stratégie fondée sur le développement des compétences psychosociales. Ces dernières permettent aux enfants et adolescents de mieux gérer leurs émotions, de résister à la pression sociale en ligne, et de faire preuve d’esprit critique face aux contenus numériques.
  • L’école est également un lieu de sensibilisation. Un programme de certification des compétences numériques a été généralisé à toutes les classes de 6e depuis 2024. Il inclut une sensibilisation dès le CM1 et la remise d’un « passeport internet » pour mieux comprendre les outils numériques et leurs risques.
  • Des campagnes de communication, notamment autour des 1 000 premiers jours, rappellent l’importance des interactions humaines pour le développement du jeune enfant : ne pas consulter son écran en présence de son enfant est essentiel pour ne pas le priver d’échanges importants pour son développement. D’autres campagnes, à venir, cibleront plus spécifiquement l’usage des écrans entre 0 et 3 ans.

Une stratégie globale et des dispositifs pour accompagner les usages

  • La plateforme jeprotegemonenfant.gouv.fr : pour permettre aux familles de s’informer, de poser leurs questions et de trouver des repères fiables, le gouvernement a lancé en 2021 la plateforme jeprotegemonenfant.gouv.fr. Ce portail propose des fiches pratiques, des conseils adaptés à chaque âge et des outils concrets pour encadrer les usages numériques à la maison. Un projet de refonte est actuellement en cours pour renforcer la pertinence de la plateforme par rapport aux besoins qui existent aujourd’hui.
  • Le label national « P@rents, parlons numérique » : porté par l’Union nationale des associations familiales (UNAF), ce label permet quant à lui d’identifier des projets de terrain, proposés par des associations ou des collectivités, pour accompagner les familles de manière concrète et de proximité.
  • Le 3018 : pour répondre aux situations d’urgence ou de mal-être numérique (cyberharcèlement, exposition à des contenus choquants, manipulation…), une ligne d’écoute gratuite et confidentielle est joignable au 3018, de 9 h à 23 h, tous les jours, ainsi qu’en version application.

Des actions sont également menées au niveau européen. Le règlement sur les services numériques (Digital Services Act) impose désormais de nouvelles obligations aux grandes plateformes pour limiter les contenus illégaux, protéger les mineurs et garantir des environnements plus sûrs en ligne.

Ces actions s’inscrivent dans une stratégie interministérielle en cours de définition visant à mieux répondre à l’enjeu sanitaire d’une exposition excessive ou inadaptée des enfants aux contenus numériques, par un encadrement adapté, la promotion d’usages responsables et le renforcement de notre capacité à agir collectivement et individuellement.

Des ressources soutenues par les pouvoirs publics sont mises à la disposition des parents et des professionnels :

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