Dossier thématique du CNLE - Promouvoir la citoyenneté : contributions du travail social et des formations sociales

Publié le | Temps de lecture : 4 minutes

Retrouvez un dossier thématique du Conseil national de lutte contre l'exclusion (CNLE) sur la promotion de la citoyenneté, les contributions du travail social et des formations sociales.

 Cette conférence parlementaire, introduite par David Habib, vice-président de l’Assemblée nationale, Martine Carrillon-Couvreur, députée de la Nièvre, et Ségolène Neuville, secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion, s’inscrivait dans le cadre d’une volonté politique particulière : faire du principe de l’inclusion une réalité de l’action sociale.

Elle fut organisée en deux tables rondes pour échanger sur « Les personnes au cœur des pratiques du travail social » et « Les personnes au cœur du développement social ».

Ségolène Neuville a notamment rappelé, en ouverture de la conférence, la genèse du système français d’action sociale qui, depuis sa création, a fortement évolué, avec de nouveaux besoins, de nouveaux métiers, une transformation des territoires et des modèles familiaux.

Le système français est, de par ces évolutions, un des meilleurs systèmes sociaux au monde mais également un des plus complexes, à cause d’un empilement des dispositifs et de la multiplicité des acteurs.

Elle a également exposé le plan d’action en faveur du travail social et du développement social, qui a été présenté en conseil des ministres le 21 octobre 2015, et qui a pour but de simplifier les démarches à faire pour les citoyens tout en recentrant les missions des travailleurs sociaux sur l’accompagnement des personnes. Ce plan d’action comprend trois parties :

  • Renforcer la participation des citoyens ;
  • Mieux articuler les politiques publiques entre elles pour promouvoir le développement social ;
  • Moderniser l’appareil de formation et revaloriser les métiers du travail social.

Christophe Sirugue, député de Saône-et-Loire, qui s’est vu confier par le Premier ministre la mission de réfléchir à la simplification des minimas sociaux, a souligné que l’un des grands enjeux du travail social est le faire ensemble. C’est un enjeu pour :

  • L’accessibilité des dispositifs existants ;
  • L’appropriation des politiques publiques par les citoyens ;
  • La compréhension du sens de l’action publique.

Ces enjeux sont aujourd’hui à prendre en compte à chaque fois que sont développées des politiques publiques.

Le député a rappelé que la simplification des minimas sociaux n’a pas pour but de créer des droits plus restreints mais de permettre aux usagers et aux travailleurs sociaux de comprendre facilement le fonctionnement et l’articulation des dispositifs.

Pour simplifier, il faut prendre en compte les travailleurs sociaux dans la réflexion et faire en sorte que les allocataires ou les bénéficiaires des dispositifs puissent se les approprier, ce qui est le principe de l’accès aux droits. Il faut donc associer toutes les personnes concernées dans les discussions.

Maria Théron, militante ATD Quart monde et ancienne membre du 8ème collège du CNLE, recommande de laisser le temps aux usagers de se saisir des sujets sur lesquels ils peuvent être amenés à être auditionnés, et de leur proposer un accompagnement sur les sujets qu’ils ne maîtrisent pas forcément.

François Soulage, président du collectif Alerte et membre du CNLE (représentant l’UNIOPSS), a été chargé par Ségolène Neuville du pilotage du plan d’action sur le travail social. Il signale trois points à retravailler :

  • Le référent de parcours, qui est encore un concept flou ;
  • Les méthode d’évaluation, qui ne doivent pas uniquement être quantitatives mais également qualitatives, ce qui nécessite l’élaboration de nouveaux indicateurs ;
  • Les moyens : la volonté du ministère semble être de travailler mieux avec des moyens identiques, est-ce possible ? Il faudrait pouvoir mieux apprécier les économies que permet le travail social dans la société.

Marcel Jaeger, professeur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), Chaire de travail social et d’intervention sociale, et membre du CNLE (représentant le Conseil supérieur du travail social) conclut la conférence en regrettant que le CSTS ne dispose pas encore de l’équivalent du 8ème collège du CNLE.

L’implication des usagers dans la formation et la recherche est compliquée, les discours de bonnes intentions se heurtant souvent à des murs institutionnels ; ils peuvent être entendus comme témoins, mais très difficilement considérés comme acteurs de la formation.

Récemment, une convention entre le Cnam et ATD Quart monde a cependant permis de faire avancer cette question et a impliqué des personnes accompagnées dans le processus de conception des formations.

Le secteur du travail social est assez opaque, hétérogène voire hétéroclite, et peu lisible (143 certifications relatives à l’action sociale pouvant être délivrées par cinq ministères certificateurs). Le plan d’action est donc une opportunité de pouvoir créer des unités de recherche pour préfigurer une École supérieure en intervention sociale.

Il faut arrêter de se poser la question de l’identité des travailleurs sociaux et se poser celle de l’identité des publics.

Enfin, il faut décloisonner le travail social et le rapprocher notamment du secteur de la santé, ce qui est indispensable pour pouvoir développer une approche globale des personnes : le Cnam l’a fait en réformant son organisation et en créant une équipe pédagogique nationale intitulée Santé-solidarité.

Consulter le plan d'action en faveur du travail social et du développement social sur le site sante.gouv.fr