PLFSS 2026 : la nécessité d’un retour à l’équilibre de la sécurité sociale

Publié le | Temps de lecture : 4 minutes

La sécurité sociale contribue à faire de notre espérance de vie en bonne santé une des plus élevées parmi les pays de l'OCDE. Néanmoins, elle est soumise aujourd’hui à des fortes tensions financières et accuse un déficit qu’il est encore possible de résorber.

Espérance de vie en bonne santé à 65 ans en France : 11,7 ans pour les femmes, 10,2 ans pour les hommes.

Un système sous tension financière croissante

Après 80 ans d’existence, la sécurité sociale se trouve confrontée à une situation budgétaire inédite, en dehors de toute période de crise sanitaire ou économique. Après une phase de stabilisation post-crise sanitaire, les déficits repartent fortement à la hausse : le déficit global (régime général et fonds de solidarité vieillesse) devrait atteindre 21,9 milliards d’euros en 2025, contre 15,3 Md€ en 2024 et 10,8 Md€ en 2023, soit un doublement en deux ans. 

Schéma du déficit lié aux retraites et à l'assurance maladie de 2014 à 2028

À côté de la branche vieillesse – qui reste structurellement déficitaire (-5,5 Md€), malgré l’impact favorable de la réforme des retraites de 2023 – la branche maladie constitue le principal foyer de déséquilibre : -16 Md€ en 2025, après -13,8 Md€ en 2024. Elle concentre ainsi près des trois quarts du déficit global. Or, l’équilibre des comptes sociaux est une condition de la pérennité et de la solidité de notre système de protection sociale.

Une croissance dynamique des dépenses de santé

Ce déficit s’explique par un écart persistant entre l’évolution des dépenses et celle des recettes. L’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM), principal outil de maîtrise des dépenses de santé, atteint 256,4 Md€ en 2024 et devrait progresser à 265,8 Md€ en 2025, avec un taux de croissance supérieur à celui du PIB ou de la masse salariale.

Cette dynamique est portée par plusieurs facteurs structurels, tels que l’essor des maladies chroniques, le progrès médical ou encore le vieillissement de la population.

Effectivement, la population française vieillit et représente un défi pour le système social français. On compte aujourd’hui 2,5 personnes de 20 à 64 ans pour 1 senior : ce sera 2 en 2040 et 1,7 d’ici 2070. Or, notre modèle social repose sur la solidarité entre les générations.

En 2025 : 2,5 actifs pour un senior ; en 2040 : 2 actifs pour un senior ; en 2070 : 1,7 actif pour un senior

Cela alourdit mécaniquement nos dépenses de retraites et de santé. Chaque jour, 2 400 Français passent la barre des 60 ans, pour 1 800 naissances.

Par ailleurs, le financement de la protection sociale française pèse fortement sur ceux qui travaillent, alors que ses dépenses bénéficient majoritairement aux + de 65 ans (retraites et santé), dont la part dans la population est croissante.

Schéma montrant les prélèvements obligatoires en pourcentage du revenu et les dépenses publiques associées par tranches d'âge

Des recettes en ralentissement

Dans le même temps, la croissance économique ralentit, de même que la progression de la masse salariale :  les recettes croissent donc moins rapidement que les dépenses (+2,6 % contre +3,6 %), ce qui aggrave le déséquilibre.

Une alerte formelle et des mesures correctrices

Fait inédit depuis 2007, le comité d’alerte sur l’ONDAM a déclenché l’alerte en juin 2025 sur le risque de dépassement de l’objectif de dépenses. Il a exigé des mesures correctrices, qui ont été prises à hauteur de 1,7 Md€ par le Gouvernement. Il s’agit notamment du report de certaines revalorisations conventionnelles, de baisses de prix de produits de santé, ou encore d’annulations de crédits qui avaient été mis en réserve par précaution. 

Le PLFSS 2026 devra permettre de renouer avec une trajectoire pluriannuelle de retour à l’équilibre de la sécurité sociale

Afin d’assurer le retour à l’équilibre des comptes sociaux et en lien avec les caisses de sécurité sociale et les autres administrations, la Direction de la sécurité sociale prépare depuis plusieurs mois des propositions pour le Gouvernement et met en œuvre en retour ses orientations, dans le but d’élaborer le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 qui sera déposé au Parlement au plus tard le premier mardi d’octobre (le 7 octobre 2025).

En parallèle, le Gouvernement a engagé une démarche de diagnostic partagé en saisissant conjointement les hauts conseils (haut Conseil pour le Financement de la protection sociale, haut conseil pour l’Avenir de l’assurance maladie, haut conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Âge) en vue de disposer de leurs propositions pour rétablir l’équilibre des comptes sociaux. Partant des causes structurelles du déficit (vieillissement, financement, croissance dynamique des dépenses de santé), le rapport identifie plusieurs scénarios de redressement associant maîtrise des dépenses, diversification des recettes et renforcement de la prévention. 

L’enjeu est de construire une trajectoire de redressement à moyen terme. À horizon 2029, le Gouvernement vise un retour à l’équilibre des comptes sociaux.

Pour en savoir plus 

Crédit : Zubada / Getty Images

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